Le mois dernier, un fil sur X/Twitter a attiré près de 2 millions de vues. Son sujet ? Les “boules bleues”, cette douleur ou sensation désagréable que certains messieurs ressentent en cas de frustration sexuelle.
Le fil
Ce long fil de discussion affirme que le phénomène des boules bleues est un mythe qui n’a aucune réalité physique, ce à quoi des centaines d’hommes ont répondu qu’ils l’ont vécu personnellement… Bref, un dialogue de sourds qui n’a pas permis d’éclairer grand-chose.
Pourtant, l’idée de départ était bonne : dénoncer un comportement abusif au sein d’un couple, où un homme utilisait cette douleur comme argument pour extorquer des rapports sexuels. Une attitude manipulatrice inacceptable qui vient fausser le consentement de sa partenaire. Toutefois, l’auteur du fil reste bloqué sur l’expérience traumatisante de son amie, et va un peu vite en présumant qu’un certain ressenti est toujours “un outils [sic] servant à outrepasser le consentement”.
Ainsi, le fil ne répond pas à la question la plus simple : comment définir les boules bleues ? Avant de dire si ça existe ou non, il faut savoir de quoi on parle. Je pense que la discussion aurait été plus fructueuse si on avait commencé par là, ce que je vais donc faire maintenant.
Ce que l’on sait sur les boules bleues
Le problème avec une expression familière comme les “couilles bleues”, c’est qu’elle n’est pas objective et qu’elle apporte donc des connotations.
Ce que l’on sait, c’est que des patients ont exprimé ce genre de douleurs dans un contexte clinique et non pas sexuel : la première description dans une publication médicale date de 2000 dans la revue Pediatrics par les Dr Chalett et Nerenberg.
Cela reste la seule description de cas individuel publiée à ce jour, malgré une connaissance du phénomène très répandue chez les médecins et urologues, comme le précise le même article.
Des pédiatres de l’université Brown, Randy Rockney et Anthony J. Alario, ont ensuite écrit à l’éditeur pour assimiler la description des boules bleues à une condition médicale bénigne appelée hypertension épididymale.
L’hypertension… quoi ?
Une fois ce nom barbare posé, il devient possible de savoir de quoi on parle ! C’est une sensation de douleur ou d’inconfort ressentie dans les testicules, liée à une stimulation sexuelle prolongée sans éjaculation. Elle est due à l’accumulation de sang dans les organes génitaux masculins pendant l’excitation sexuelle, ce qui fait monter la pression dans les vaisseaux sanguins des testicules. Les veines apparaissent bleues sous la peau, d’où le nom familier.
Ce phénomène peut être douloureux, mais pas dangereux. La douleur ou l’inconfort disparaît spontanément, soit après une éjaculation, soit après que l’excitation retombe.
D’après une récente étude publiée dans Sexual Medicine en 2023, le phénomène est assez commun chez les hommes sexuellement actifs, mais pas systématique. Bien sûr, si tous les hommes ne le ressentent pas, dire que l’on ne le ressent pas soi-même n’est pas une preuve que ça n’existe pas. La douleur ressentie est aussi décrite comme légère dans la majorité des cas.
Ce qu’on ignore sur les boules bleues
Les boules bleues étant un problème temporaire et sans danger, la littérature médicale s’en est quelque peu désintéressée. Les lettres à l’éditeur en réponse à la publication de l’an 2000 sont d’ailleurs écrites sur un ton humoristique que l’on utiliserait pas pour des problèmes plus graves.
Beaucoup d’hommes ne consultent donc pas pour ce symptôme, et peuvent avoir honte d’en parler dans un questionnaire, ce qui ne permet pas d’en savoir la fréquence exacte. Par ailleurs, on ne sait pas pourquoi certains hommes sont sensibles aux boules bleues et pas d’autres. On sait que la migraine a des causes génétiques parce que le sujet est étudié depuis longtemps, mais les boules bleues le sont beaucoup moins.
Et enfin, on en sait encore moins sur l’équivalent féminin, parfois appelé “vulve bleue”, qui est le fait de ressentir une douleur dans les parties génitales féminines en approchant de l’orgasme sans l’atteindre. L’étude de 2023 a pourtant découvert que 42 % des femmes interrogées en ont fait l’expérience. C’est à ma connaissance la seule étude sur le phénomène.
Comment faire si ça vous arrive ?
La première chose à faire est de ne pas forcer votre partenaire à avoir un rapport sexuel si vous ressentez les “boules bleues”. Mais si vous portez une cage de chasteté dont vous lui avez confié la clé, il y a peu de risque.
Je n’ai personnellement jamais entendu Guillaume parler de boules bleues. Il doit être immunisé ! En tout cas, il n’a jamais utilisé l’argument avec moi.
Plus globalement, la pratique de la chasteté masculine est souvent associée à la frustration sexuelle. Il peut donc être utile de savoir quoi faire si cela vous arrive quand vous êtes en cage. Premièrement, il ne faut pas s’inquiéter si ça vous arrive de temps à autre : c’est sans danger et ça passe tout seul.
Ensuite, il faut se méfier de l’effet nocebo, c’est-à-dire quand vous savez que le phénomène existe et que cela augmente le risque de ressentir une douleur, en attirant votre attention sur les signaux envoyés en permanence par votre corps. Il est possible que l’effet psychosomatique aggrave le ressenti, auquel cas il vaut mieux en effet croire que les boules bleues n’existent pas quand on possède des testicules.
Enfin, parlons de la libération, souvent décrite comme le remède idéal contre les couilles bleues. Que faire si l’orgasme n’est pas une option sur la table ? Plusieurs solutions : attendre une heure environ, appliquer du chaud avec une compresse, ou bien faire du sport et en particulier des exercices de force. Donc pas besoin d’orgasme, et encore moins de partenaire.
Si rien ne marche au bout de 24 heures, ou si la douleur est vive, c’est peut-être qu’il y a une raison médicale qui n’a rien à voir avec l’excitation et les “boules bleues”. Dans ce cas, il vaut mieux consulter.
Bonjour, j'avais lu quelques témoignages sur ces boules bleues, et comme pour ma part je n'ai pas eu ce genre de réaction, je me suis même demandé si mon corps réagissait bien 😊
Merci pour l'article je suis "rassuré" sur le fait que ça ne m'arrive pas 😊
I usually get blue balls in two situations, one it has been a couple of weeks since my last orgasm which is the equivalent to tying some weight to the balls, second is if to much tease and denial happy, this one can cause me pain just as intense as being kicked there. The remedy of course is orgasm.