Quand je fais porter la cage de chasteté à mon mari, il ne peut plus avoir d’érection complète et libre sans ma permission. Au fond, est-ce que la chasteté masculine ne serait pas une forme d’impuissance contrôlée ?
Il y a les hommes qui sont attirés par cette idée, et ceux qui au contraire flippent à l’idée de perdre ce symbole phallique sacré qu’on leur a appris à considérer comme le centre de leur valeur d’homme. Et de mon côté, je me suis bien sûr posé la question : est-ce que mettre un homme en cage, ça abîme quelque chose ?
Je voulais mettre un peu d’ordre dans mes idées sur ce sujet. Après tout, on ne peut pas vraiment consentir à mettre son organe sous clé si on a les idées confuses là-dessus.
À l’opposé de mon article précédent, voyons ce qui se passe quand la pression sexuelle… redescend un peu trop.
Impuissance subie, chasteté choisie
La chasteté masculine est un choix, que ce soit un simple jeu ou un chemin que l’on suit. Si ce n’est pas consenti, c’est une autre histoire et ce n’est pas mon sujet ici, mais pour moi il s’agit d’une démarche active, qui demande de la confiance. Le fait de porter la cage n’est qu’une partie du processus, qui s’accompagne aussi d’un travail mental pour apprendre le contrôle de soi.
L’impuissance, d’un autre côté, c’est l’incapacité médicale, plus ou moins permanente ou répétée, à obtenir ou maintenir une érection suffisante pour avoir des rapports sexuels. Les causes sont physiques ou psychologiques, mais c’est subi par la plupart des hommes qui en souffrent.
La différence entre les deux est donc très claire. J’irais même plus loin avec cette remarque : quand un homme essaye d’enfiler une cage de chasteté, c’est drôle mais l’érection arrive parfois à ce moment précis... Ne pas bander par choix, c’est bandant autrement on dirait ! Et quand un homme est sous clé, la cage empêche seulement la pleine réalisation de l’érection, mais pas la tentative de bander. Je pense à Guillaume au réveil : un rapide coup d’œil suffit souvent à voir que tout fonctionne très bien.
Bref, la différence entre impuissance et chasteté, c’est la différence entre ne pas pouvoir et ne pas avoir le droit. Quand on l’a choisi par engagement, ce n’est pas un problème.
Est-ce que le port prolongé casse la machine ?
Porter une cage de chasteté adaptée n’abîme pas le sexe. Contrairement à des idées reçues propagées sur internet, la restriction ne le fait pas rétrécir de manière permanente et ne génère pas de problème d’érection à long terme. Il faut bien sûr choisir une cage à la bonne taille, adaptée à la morphologie de Monsieur, et faire une pause en cas de problème.
Mais sur le plan physiologique, un pénis correctement enfermé continue de fonctionner parfaitement (quand on le libère). Si ce n’était pas le cas, je me serais organisée différemment avec mon mari !
Le seul effet sur l’érection qui est avéré est très ponctuel. Après une longue période de chasteté, certains hommes peuvent mettre quelques minutes de plus à redémarrer ou ressentir une érection un peu moins ferme au début. Mais c’est purement temporaire, comme quand on reste assis trop longtemps et qu’on a des fourmis dans les jambes.
En revanche, aucune étude ne montre un effet durable de la chasteté sur la capacité érectile. Et psychologiquement, beaucoup d’hommes disent qu’au contraire, cela renforce leur désir, et rend leurs érections et orgasmes plus intenses (quand ils en ont).
Aucun problème donc pour garder un homme sous clé, ça ne va pas le casser. Au mieux, vous transformerez sa sexualité en une gamme bien plus riche que la mécanique de base : « je bande, je jouis, merci bonsoir ».
Impuissance et puissance
Le contraire de l’impuissance, c’est logiquement la puissance, non ? Je trouve ça fascinant de voir à quel point les hommes se montent la tête par rapport à leur pénis, comme si on ne pouvait pas avoir de rapport sexuel sans.
L’impuissance est souvent vécue comme une atteinte à la virilité, comme si la valeur d’un homme était suspendue à sa queue. Ça peut sembler absurde dit comme ça, mais essayez de faire le tour des endroits où apparaît cette idée : les publicités, les blagues, les films, même les insultes… Notre culture garde cette idée archaïque que ne pas bander est synonyme de ne pas être un homme. Il est grand temps qu’on démonte ce vieux décor, qui me semble être un obstacle pour généraliser la pratique de la chasteté masculine.
La chasteté masculine va à contre-courant de ces préjugés, en montrant que le fait de confier sa sexualité à sa partenaire, d’être vulnérable, est une force pour le couple. Pour ma part, je trouve que ça fait du bien d’avoir cet espace de sécurité et de jeu entre Guillaume et moi. Ce n’est plus le pénis qui décide, c’est notre relation qui nous guide.
Et c’est aussi, paradoxalement, une libération pour l’homme qui confie la clé de sa sexualité. Il est libéré de la double pression constante de son désir et de la performance. Il y gagne, parce que la chasteté masculine lui ouvre des portes sur d’autres formes de plaisir plus tendres et tout aussi joyeuses.
Le don de soi
Arrêtons de mesurer implicitement la valeur d’un homme à la dureté de son sexe. Pour moi, la vraie puissance de l’homme est ailleurs, dans la beauté de ce qu’il donne.
La chasteté révèle une autre forme de puissance : là où l’impuissance subie est une souffrance, la chasteté masculine est un cadeau. Quand mon mari me fait ce cadeau, il gagne la liberté de ne plus être esclave de ses pulsions et la joie de me rendre heureuse.
Merci Madame Estelle pour cette analyse complète. J'ai lu un témoignage qui pourrait figurer dans votre démonstration, il s'agissait d'un homme atteint de troubles de l'érection que sa compagne avait mis en cage pour lui EVITER d'avoir à se préoccuper de son handicap ! Une sorte de gagnant gagnant... Dans mon couple c'est l'inverse qui s'est produit. J'avais invité ma compagne ( dominante naturelle) à me faire porter la cage, au bout de 15 jours elle avait estimé qu'il était temps de me libérer. Au moment de la pénétrer (ce qu'elle aime par dessus tout étant plus vaginale que clitoridienne) j'ai eu un... ramollissement inattendu. Habituée à (et exigeant même) des pénétrations vigoureuses et prolongées, elle a été fortement contrariée et énervée ! Ce qui évidemment n'a pas arrangé la situation... J'ai dû me finir à la main sous ses réprimandes intenses du fait que j'étais à l'origine de l'idée de la chasteté. Il s'est ensuite écoulé une année complète a avant qu'elle ne retente l'expérience. Que s'était il donc passé ? J'étais très excité par le port de la cage mais aussi un peu meurtri intellectuellemment, conditionné probablement à la soumission dont je rêvais. Au moment de la baiser avec entrain ce fut la panique et ... la panne... Une impuissance temporaire (heureusement) mais bien réelle. Ce qui démontre que les implications psychologiques de la cage sont bel et bien réelles !