Je répondais l’autre jour à quelqu’un qui cherchait une cage de chasteté large, mais pas trop longue. Ce genre de modèle plus rare se trouve surtout en sur-mesure, mais cela a un coût. Et ça m’a fait penser que même en pratiquant la chasteté, on reste bien dans une société de consommation…
Pourtant, la chasteté masculine fonctionne bien par le contrôle du désir, et le renoncement à la gratification immédiate. Est-ce que ce mode de vie peut résister à la pression consumériste et au désir constant ?
Pour les nouveaux qui ne me connaissent pas : je pratique la chasteté masculine avec mon mari Guillaume depuis quelques années. Nous avons des rapports réguliers mais seulement quand je le propose, et il porte une cage de chasteté la plupart du temps. Il relève actuellement le défi de Locktober !
Une démarche à contre-courant
La chasteté masculine est un peu une forme de résistance. En se réfrénant, les hommes choisissent consciemment de se retirer d’un cycle où la gratification immédiate devient un but en soi. Quand le reste de notre société prône le “jouir sans entraves”, cette pratique est à contre-courant.
Je vois différentes raisons qui conduisent à la chasteté masculine : pour renforcer son couple, reprendre le contrôle sur sa vie émotionnelle et physique, se recentrer sur d’autres aspects de sa vie… Dans tous les cas, cela permet de rompre avec le cycle nocif de la dépendance au plaisir.
Au-delà de l’abstinence, la chasteté implique une gestion consciente de ses pulsions. Pour mon mari, en plus de me laisser contrôler ses orgasmes, je pense que ça doit aussi lui permettre de réfléchir à comment il consomme, comment il interagit avec les autres, et comment il perçoit son propre désir. La cage est là en permanence (sauf quand je le libère) pour lui rappeler le choix qu’il a fait, la limite qu’il impose à sa libido.
Le marché du désir
Le consumérisme ne touche pas que les biens matériels. Il s’étend aux expériences vécues, aux relations humaines, et bien sûr à la sexualité. Entre les publicités et les applications de rencontre, sans parler du porno, les consommateurs (surtout les hommes) sont constamment incités à désirer et à consommer l’autre comme un produit. La sexualité est elle-même un marché.
Dans cet environnement, la chasteté masculine est pour moi un refus de la marchandisation du corps et des relations. Pour mon mari, ne pas céder à la tentation et au contraire lâcher prise permet d’affirmer son autonomie face à la pression sociale de jouir et “posséder”.
Le consumérisme de la chasteté
Mais tout n’est pas si simple. Comme la chasteté masculine gagne en popularité, elle devient elle-même un produit à consommer. La chasteté, qui veut résister à la tentation, est une nouvelle tentation.
Il n’y a pas de bonne et de mauvaise façon de pratiquer la chasteté masculine, ou en tout cas je ne cherche pas à l’affirmer. Je dis juste que pour moi, la démarche de la chasteté masculine est indissociable d’une certaine résistance aux injonctions sociales. Par exemple, s’interroger face au marketing sur ses véritables besoins, pour trouver un équilibre entre gratification immédiate et satisfaction à long terme.
Est-ce que la cage la moins chère est la bonne ? Est-ce que c’est si grave de devoir attendre une semaine qu’une nouvelle cage de chasteté soit livrée, plutôt que de l’avoir le lendemain ?
De mon côté, j’essaie d’appliquer aussi à la chasteté masculine ce que je pense du consumérisme en général : acheter moins mais mieux, choisir la qualité sur la quantité, privilégier les relations humaines authentiques aux distractions éphémères. Il n’y a pas de raison de renoncer à ses valeurs pour la chasteté masculine.
Se libérer du désir
Le consumérisme repose sur une abondance qui peut étouffer nos désirs réels. On voit que les sites pour adultes imposent aux hommes leurs catégories et leurs images stéréotypées. La chasteté masculine dans le couple permet au contraire de retrouver une part de liberté dans un monde où tout est marchandise, à condition de ne pas laisser cette démarche devenir une nouvelle forme de consommation à outrance.
Que vous pratiquiez la chasteté ou que vous soyez juste en train de vous poser la question, vous pouvez vous demander : que recherchez-vous vraiment ? Est-ce que vous achetez quelque chose pour combler un vide ou pour enrichir votre vie ?
La réponse, comme toujours, ne se trouve pas dans ce que l’on possède, mais dans ce que l’on choisit de désirer.
Bonjour, je vais poser une question forcément provocatrice. Les femmes étant autant sujette au consumérisme que les hommes, devraient elles aussi se mettre a la ceinture se chasteté?