Combien de temps peut-il s'abstenir ?

Non, l'éjac quotidienne n'est pas un droit de l'homme

La chasteté masculine permet aux hommes de découvrir une nouvelle manière d’être viril. Libérés de leurs pulsions, ils peuvent canaliser leur énergie dans leur couple, leur travail, ou d’autres activités positives. Après être restés en cage un certain temps, certains en redemandent même !

Après notre défi de chasteté sur les Jeux olympiques, qui a entraîné mon mari à rester chaste pendant 35 jours (il en est à 27), je me suis posé la question suivante : combien de temps un homme peut-il rester sans éjaculer ?

On a vu dans un article précédent que la chasteté prolongée ne pose pas de risque pour la santé de la prostate, contrairement à ce qu’on peut lire parfois. La question est plutôt : jusqu’où peut aller la volonté de rester chaste, et pour quelles raisons ?

Pour les nouveaux qui ne me connaissent pas : je pratique la chasteté masculine avec mon mari Guillaume depuis quelques années. Nous avons des rapports réguliers mais seulement quand je le propose, et il porte une cage de chasteté la plupart du temps.

Tout d’abord, je veux rappeler qu’aucune étude sérieuse n’a montré qu’il est utile d’éjaculer pour “entretenir” sa prostate. Ce n’est pas un carburateur ! Mais cette idée reçue est tenace, et conduit certains sites à recommander une fréquence minimale d’éjaculation, avec plein de termes “scientifiques” à l’appui.

Certains sites de fake news ont même fait le lien entre abstinence pendant le Covid et infarctus : heureusement qu’il n’y a aucun fondement derrière ces affirmations, sinon je m’inquièterais pour mon mari… et pour beaucoup de lecteurs !

Pas de risque à faire durer…

À la base, l’éjaculation permet la reproduction du côté de l’homme, mais n’est pas un besoin physiologique. Les spermatozoïdes sont produits en permanence et sont stockés dans les testicules en attendant le moment opportun.

Si l’occasion ne se présente pas, le corps expulse le sperme de lui-même pendant la nuit, et dans tous les cas recycle ce qui n’est pas utilisé comme toutes les autres cellules qui se renouvellent. La nature est bien faite, inutile de vouloir la forcer !

En fait, l’abstinence n’est pas un danger pour la santé. Un homme peut rester des semaines ou des mois sans masturbation ni rapport sexuel. Certains hommes asexuels ne pratiquent jamais et il n’y a rien de gênant à cela.

Bref, il n’y a aucune obligation médicale à avoir des éjaculations régulières en étant réveillé. Si vous ne me croyez pas, demandez à votre médecin de vous faire une ordonnance (“Une fois par jour, avant le repas”) et vous verrez sa réponse !

La vraie raison pour qu’un homme ait des orgasmes n’est pas médicale. Elle est liée à sa libido, qui sans doute pour des raisons biologiques, a tendance à surestimer ses besoins. Et il faut l’équilibrer avec les envies de sa partenaire s’il est en couple, car l’orgasme masculin fait baisser le besoin de proximité chez l’homme.

Ralentissez le tempo

Le problème est que dans la plupart des couples hétéro, l’homme a plus d’envies que la femme. Cela peut conduire Monsieur à pratiquer le plaisir solitaire, avec le risque de s’engager dans un cercle vicieux par facilité. D’après l’étude Ifop parue cette année que j’ai déjà citée, presque un homme sur deux a déjà évité un rapport sexuel pour se masturber à la place ! On peut aussi citer le rôle du porno, qui crée une offre permanente et infinie de tentation.

Quand il y a des écarts de désir dans le couple, cela peut nuire à l’intimité car la femme a peur de donner des indices de désir (câlin, baisers…) qui peuvent laisser penser qu’elle a envie d’un rapport. Alors elle se retient de faire quoi que ce soit, et son homme la trouve distante.

Mais si l’homme porte une cage de chasteté, il n’y a pas d’attente de sa part. C’est Madame qui dit quand elle a envie d’avoir un rapport, et comment. Si je veux m’habiller sexy, faire des caresses à mon mari etc., je peux le faire aussi souvent que je veux sans me sentir obligée que cela mène à davantage.

Bref, voilà de bonnes raisons pour parfois modérer les ardeurs de ces messieurs. Finalement, pourquoi serait-ce un droit d’éjaculer, alors qu’une Française sur deux n’éprouve pas d’orgasme assez régulièrement ?

Un couple qui dure sait partager les moments de bonheur… Partager, n’est-ce pas ?

“Chérie, il n’est pas un peu gros, ce sablier ?”