Depuis que j’écris cette publication, j’ai été contactée par des hommes et des femmes de tous les âges qui sont intéressés par la chasteté masculine. J’ai aussi pu voir ce que chacun en pense sur X/Twitter, et je me suis rendue compte que selon les générations, la chasteté masculine prend un sens un peu différent.
En particulier quand un homme choisit volontairement de confier la clé de ses orgasmes, cela suscite des réactions très différentes selon les générations. Certes, chaque époque a une vision un peu différente de la sexualité, et du rôle des hommes et des femmes. Mais au-delà des différences d’âge, certaines générations semblent plus réceptives que d’autres à cette pratique.
La chasteté plaît-elle plus à certaines générations qu’à d’autres ? Et surtout, qu’y trouvent les hommes et les femmes de chaque génération ? Je vais essayer de répondre à ces questions, sans trop tomber dans les clichés !
Les Boomers (nés entre 1945 et 1964)
Pour la génération des baby-boomers, la masculinité a longtemps été associée à la virilité et à l’autorité du “chef de famille”. L’idée d’un homme qui accepte volontairement d’être privé de son plaisir ou qui remet sa sexualité entre les mains de sa femme était impensable dans la société où ils sont nés.
Cela dit, une frange plus discrète de cette génération a expérimenté assez tôt des pratiques en marge de la société, notamment dans des milieux libertins. Les baby-boomers ont grandi dans un monde en pleine mutation sexuelle, ils ont été témoins de la libération sexuelle des années 60-70 avec la pilule contraceptive et Mai 68.
Pour certains hommes Boomers qui découvrent la chasteté récemment, elle peut s’apparenter à un jeu d’exploration, une façon de bousculer des codes qu’ils ont toujours connus. Pour les femmes, la découverte de cette dynamique peut être une révélation tardive, mais la plupart restent fermées à l’idée de la chasteté masculine. Les femmes Boomers ont souvent été éduquées dans l’idée que le plaisir masculin primait, mais celles qui ont embrassé le féminisme ont pu développer une autre approche du couple, où la chasteté masculine devient un outil de rééquilibrage du pouvoir.
Au fond, la révolution sexuelle a surtout concerné la liberté sexuelle des femmes. Les hommes Boomers ont donc souvent gardé un rapport classique à la virilité, ancré dans la performance et la conquête. La chasteté masculine, surtout lorsqu’elle est contrôlée par une femme, reste donc perçue par beaucoup d’entre eux comme une étrangeté, voire une soumission inconcevable.
Toutefois, ceux qui arrivent à pratiquer la chasteté masculine y voient une forme de renouveau de leur relation de couple. La chasteté représente une nouvelle façon d’aimer, plus centrée sur le plaisir de la femme.
Génération X (nés entre 1965 et 1980)
La génération X a grandi avec des valeurs de liberté individuelle et de tolérance. Les hommes de cette génération ont été les premiers à pouvoir expérimenter une masculinité moins rigide, sans remettre en cause leur virilité.
Mais la génération X est aussi fréquemment accusée de cynisme sur le couple, après avoir grandi dans un monde où le divorce s’est banalisé et où la réussite professionnelle prime sur l’engagement.
Cette génération voit souvent la chasteté masculine comme un fétichisme plutôt qu’un mode de vie. La culture populaire des années 90 type Canal+, avec son humour osé et irrévérencieux, n’a finalement pas tellement remis en cause la domination masculine. On ne milite pas pour l’égalité avec des blagues sur les blondes…
Les hommes de la génération X qui s’intéressent à la chasteté sont souvent ceux qui veulent explorer différentes facettes de leur sexualité après des expériences plus classiques. Ils peuvent y voir un moyen de renforcer le désir dans leur couple, ou même de mieux se concentrer sur d’autres aspects de leur vie. Certains peuvent y voir une réponse à la pression de la performance sexuelle.
Du côté des femmes de cette génération, l’idée de prendre en main la sexualité de leur homme peut être perçue comme un moyen d’égaliser le rapport de force historique. Mais beaucoup restent réticentes, par peur de reproduire une dynamique de contrôle qu’elles cherchent à fuir. Leur génération a connu des injonctions contradictoires de la part de la société : gérer carrière et vie de famille en parallèle sans perdre leur féminité. Certaines peuvent voir la chasteté masculine comme un moyen d’inverser la pression : après tout, pourquoi serait-ce toujours aux femmes de gérer le désir et la séduction ?
Les Millenials (nés entre 1981 et 1996)
Les Millenials ont grandi avec Internet, les forums et la normalisation des sexualités alternatives. Ils ont ainsi pu remettre en cause les rôles traditionnels dans le couple. La chasteté masculine trouve un écho dans ce contexte, non plus seulement comme un jeu érotique, mais comme un choix de couple réfléchi.
Les hommes Millenials sont encore plus ouverts que leurs aînés à remettre en question la virilité classique. La chasteté masculine peut leur donner une forme de liberté paradoxale : en cédant le contrôle de leur plaisir, ils se libèrent du rôle de l’homme toujours en demande. Certains hommes Millenials voient dans la chasteté un moyen de renforcer leur relation, ou même simplement de se libérer d’habitudes compulsives notamment liées au porno.
Pour les femmes Millenials, la chasteté masculine peut être perçue comme un levier d’égalité réelle, mais pas seulement. Certaines y trouvent un moyen de redonner du sens aux moments d’intimité en évitant la routine. Les femmes Millenials sont souvent plus affirmées dans leurs désirs, ayant grandi avec l’idée que leur plaisir est aussi important que celui des hommes. L’idée que l’homme puisse être excité par le fait d’être privé de son propre plaisir n’est plus perçue comme une aberration, mais comme une dynamique à explorer.
Avec les discussions autour de la charge mentale, certaines femmes (dont je fais partie !) apprécient que la chasteté masculine déplace la dynamique du désir : ce n’est plus elles qui doivent gérer l’envie masculine, mais l’homme qui doit apprendre à patienter.
Génération Z (nés après 1997)
Les plus jeunes adultes d’aujourd’hui sont réputés pour leur fluidité tiktokienne. Pour eux, la chasteté masculine n’est pas un tabou, mais une option parmi d’autres. La Génération Z est aussi plus portée sur la santé mentale et le bien-être. Ainsi, certains hommes voient dans la chasteté une manière de réduire l’anxiété liée aux performances sexuelles ou aux addictions numériques. Ils sont aussi plus enclins à parler ouvertement de ces sujets sur Internet.
Pour les hommes de la génération Z, la masculinité n’est plus forcément synonyme de domination ou de performance sexuelle. Certains explorent la chasteté comme un moyen de se détacher de la pression sociale restante autour de la virilité.
Quant aux jeunes femmes de cette génération, je constate aussi une forme de détachement : elles abordent la chasteté masculine avec curiosité, mais sans s’y attacher émotionnellement. Elles sont moins dans une démarche de réappropriation du pouvoir que leurs aînées, et plus dans une approche expérimentale, où tout est possible mais réversible. Elles ne ressentent pas le besoin de justifier pourquoi elles apprécient cette dynamique, elles l’adoptent si elle leur convient.
Tendance générationnelle ou question de maturité ?
Pour résumer, nous avons donc les Boomers, entre libération et conservatisme, la génération X qui tente de réinventer le couple, les Millenials en quête de sens, et la génération Z, avec une vision décomplexée et fluide.
Même si ce sont des généralités, on voit quand même se dessiner une tendance de plus en plus favorable à la chasteté masculine. Pour ma part, mon mari et moi en sommes au début de la trentaine, donc vers la fin des Millenials. Je me reconnais assez bien dans la description que j’ai faite des femmes de ma génération, et je reconnais aussi que je ne corresponds pas aussi bien aux autres générations.
Mais au-delà de ces grandes catégories, il y a aussi la question de la maturité personnelle. Beaucoup d’hommes ne découvrent l’intérêt de la chasteté qu’après avoir expérimenté la sexualité plus “librement”. De même, de nombreuses femmes ne s’y intéressent que lorsqu’elles ont une certaine confiance en elles et en leur couple.
La chasteté masculine n’est pas qu’une affaire d’âge ou de génération, mais plutôt une question de parcours personnel. Il me paraît fort probable que son acceptation continue de grandir, avec la généralisation des expériences positives.
Certaines générations resteront sceptiques, influencées par des modèles plus traditionnels, mais les suivantes y verront un outil puissant pour redéfinir les rapports entre hommes et femmes. J’espère en tout cas, pour vous qui me lisez, quelle que soit votre génération, que la chasteté masculine a fait évoluer votre manière d’envisager le désir et l’intimité dans le couple.